Academos Blogue Jeunes Entrevues

Métier non traditionnel : Entrevue avec une femme entrepreneure, spécialisée en ingénierie de la maintenance aéronautique

Il y a quelques semaines, l’équipe d’Academos a rencontré Lahou Keita, entrepreneure et inspectrice d’avions, pour discuter de son expérience dans un métier non traditionnel*.

Bonjour Lahou! Peux-tu nous expliquer brièvement ton parcours?

Je suis inspectrice d’avions dans le cadre d’achats et de ventes d’aéronefs [un aéronef est un appareil capable de se déplacer dans les airs, ndlr]. Je suis aussi la cofondatrice, avec ma sœur Fatou Keita, d’une société qui s’appelle Keita Systems et que l’on a créée en France en 2011.

En 2019, nous avons créé notre société à la ville de Québec pour déployer notre technologie sur le marché Nord-américain. Nous avons aussi inventé et conçu la 3ème boîte noire des avions, qui est aujourd’hui un outil révolutionnaire dans le secteur de l’aéronautique.

Pourquoi as-tu choisi le secteur de l’aéronautique?

J’ai choisi ce domaine là parce que, quand j’avais 7 ans, j’étais vraiment fascinée par un manga japonais qui s’appelle Goldorak et par ce prince Actarus venu de l’espace, dans sa soucoupe volante. C’est un manga qui a tous les codes aéronautiques et je voulais être comme Actarus en fait, parce que je n’avais pas de représentativité de femme dans l’aérospatial.

C’est lui, le Prince Actarus, avec la “machine de combat” Goldorak derrière 😉

Je dois dire que mon choix de l’aéronautique est aussi lié à mon enfance et à mon éducation parce que j’avais un père qui était très dégourdi et qui voulait que ses cinq filles soient autonomes. On savait démonter tous les équipements de la maison, comme la tondeuse par exemple. Donc quand j’ai commencé à travailler sur des avions, c’était tout à fait naturel pour moi de voir les schémas électriques.

Quelle est ton expérience en tant que femme dans un métier non traditionnel?

L’aéronautique était un monde très viril quand j’ai commencé ma carrière. Donc pour une femme, il fallait prendre sa place et réussir à trouver l’équilibre, sans se dénaturer. Quand vous passez dans un hangar avec tous ces hommes en train de travailler sur les avions, il faut pouvoir gérer les regards quand on est la seule fille qui passe.

Puis à la fin vous vous apercevez que vous avez pris votre place puisque plus personne ne vous regarde.

Est-ce que tu as déjà été confrontée à des préjugés et de la discrimination dans ton métier? Si oui, comment y as-tu fait face?

Oui bien sûr, ça m’est déjà arrivé. Les hommes allaient manger tous ensemble, entre eux et sans moi, parce qu’on ne parle pas de la même façon quand il y a une femme dans le groupe par exemple. Mais j’ai décidé de le prendre comme un challenge, donc c’était très motivant pour moi.

Je me suis toujours dit que jamais personne ne me ferait quitter le monde de l’aéronautique. C’est le domaine que j’ai choisi, et c’est à moi de prendre ma place.

J’ai été patiente et je me suis dit que j’allais me faire adopter. Et au fur et à mesure des choses, si vous ne vous découragez pas, vous finissez par avancer. Aujourd’hui, j’ai des amis formidables dans le secteur, que ce soit des pilotes, des ingénieurs… Ça n’a plus aucune importance que je sois une femme noire.

Pourquoi as-tu décidé de devenir mentore sur Academos?

J’ai décidé de devenir mentore sur Academos parce que je voulais changer les paradigmes des jeunes. Je veux leur présenter cet éventail de possibilités des métiers de l’aérospatial et montrer aux femmes noires qu’elles peuvent accéder à des postes de premier plan dans le secteur.

Je voulais accompagner les jeunes, les guider sur la bonne voie pour éviter les erreurs de parcours que l’on peut faire si l’on ne choisit pas la bonne filière.

Que conseillerais-tu à une jeune fille ou un jeune garçon qui souhaite s’orienter vers un métier non traditionnel?

Déjà, je leur recommande d’être connecté.e.s à un.e mentor.e, une personne qui a déjà embrassé la carrière qui les intéresse pour les guider. C’est important de ne pas aller vers des chemins inexplorés tout.e seul.e car c’est beaucoup plus difficile et on perd énormément de temps.

Mais en même temps, je leur dirais aussi qu’il nous faut des gens précurseurs, qu’il faut des gens qui ouvrent la voie à d’autres. Je suis pour la poursuite de ses rêves, car il n’y a rien de pire que les regrets quand on arrive à un certain âge. Dans tous les métiers, de toute façon, il y a des bons et des mauvais côtés, donc autant prendre un métier qui nous plaît, qui résonne avec nous, et garder le cap quels que soient les vents de travers.

Sur Academos, il y a plein d’autres mentor.e.s qui, comme Lahou, exercent un métier non traditionnel et qui pourront t’accompagner dans ce choix de carrière. N’hésite pas à leur demander des conseils pour te guider!

Parle avec un mentor

*Un métier est dit non traditionnel pour une femme lorsque moins de 33% de ce genre ne l’exerce.

Retour à tous
Articles semblables